Lettres à ma mère – 11

004Aux Armées, 4 mai 1916

Ma chère petite Maman,

D’après la lettre du 29, je vois que ma petite maman s’en fait toujours un peu. J’espère que la déprimation (sic) n’est pas trop accentuée car je veux retrouver, quand j’irai en permission, ma petite maman toujours aussi fraîche et aussi rose.

J’ai été un peu peiné de la mort de Tante Devrouez, il y avait déjà longtemps que je ne l’avais vue.

Heureusement que je suis patient, car depuis huit jours que vous me mettez l’eau à la bouche avec vos caramels au lait et chocolat, je suis comme sœur Anne, je ne vois rien venir. Peut-être le recevrai-je cet après-midi.

L’échange de canons s’est assez bien effectué. Nous avons eu la très grande chance de n’être pas trop marmités, car toute la journée, les Boches avaient lancé une bordée d’obus: la route s’en trouvait toute défoncée et… il faut avoir le cœur solide pour pouvoir voir ce que l’on voit. Mais on s’y habitue assez bien, et moi qui était si sensible dans le civil, cela ne me fait presque rien. Nous nous sommes couchés à 1h1/2 du matin et relevés à 3 h du matin.

1h1/2 de sommeil pour un si gd travail que nous fournissons. Cela n’y paraît pas: au front, on supporte tout très bien; on se fatigue cent fois moins qu’au dépôt. C’est extraordinaire. En somme, il n’y a qu’un inconvénient à dormir si peu: c’est que les journées paraissent plus longues. A part ça, on ne s’en fait pas. Nou nous plaisons bien ici.

Vivement que tu aies une femme de ménage pour colis.

Bons baisers de ton fils qui t’aime de tout cœur

A. Delepierre

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