Rahotep – Le commencement

En ce dernier jour du mois de Mesorê, les eaux du Nil commençaient à changer de couleur et devenaient peu à peu rougeâtres, annonçant la crue prochaine.
Rahotep était assis sur une petite jetée de pierre, dans la tiédeur du crépuscule et contemplait Hâpy en majesté, sur les ondes duquel le char de Rê laissait des trainées vermeilles, avant de disparaitre dans le royaume de la nuit. C’était un jeune homme mince et élancé, dont le visage aux traits fins et au nez légèrement busqué révélait à la fois douceur et détermination. Il était simplement vêtu d’un pagne de lin blanc et il avait déposé à côté de lui sa paire de sandales, un autre pagne soigneusement plié et un petit sac de toile fermé par une cordelette.
La route avait été longue depuis le village et Rahotep se trouvait à présent en aval d’Elephantine, à plusieurs jours de marche de Thèbes. il se proposait de passer la nuit à cet endroit, auprès d’un saule qui découpait ses branches délicates sur le ciel irisé. Il venait d’achever un dîner frugal fait de quelques oignons et d’un peu de pain. Il laissait aller ses pensées au rythme du fleuve puissant, source de vie.
Rahotep avait vu la lumière dix-huit ans auparavant, dans un pauvre village de la terre de l’Arc, aux frontières de l’empire, souvent menacé par les incursions des pillards du pays de Koush. Son père, nommé Khéti, était un homme simple et bon, qui cultivait pour le temple de Khnoum quelques aroures de céréales. Rahotep n’avait jamais connu sa mère, morte à sa naissance, et dont Khéti ne parlait que rarement, gardant pour lui le souvenir de sa bien-aimée à la jeunesse éternelle.
(c) Musefabe 2003

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