CULTUROPOLIS

Aujourd’hui, pour son premier jour de vacances, Monique s’est levée tôt, elle a enfilé son petit deux-pièces bleu et noué autour de la taille le paréo qu’elle a acheté chez C&A juste avant de partir. Elle est belle, encore, avec sa quarantaine juste un peu fanée. Ses cheveux auburn encadrent un visage légèrement allongé aux yeux d’un joli vert. Elle a mis dans un grand cabas son drap de bain, sa crème bronzante, son portable que personne n’appelle, le dernier roman de Françoise Gravejeau, un recueil de mots fléchés et la photo de son fils Sébastien.
Dans le restaurant clairsemé, elle avale une tasse de café et une tranche de quatre-quarts. Autour d’elle, des couples font des projets pour la journée en donnant le biberon au petit dernier. Des amoureux s’installent sur les matelas autour de la piscine. Papi et Mamie clopinent vers la plage avec leurs fauteuils pliants et leur parasol.
Monique se lève et marche au hasard sur le sentier qui mène vers la mer. Une brise iodée fait onduler les bruyères. Les vagues sont tranquilles, encore.
Elle déplie la serviette et s’installe à l’ombre d’un petit muret. Soudain, le portable grésille. Monique sursaute et se met à farfouiller fébrilement dans ses affaires.
– Allo ?
– Maman ?
– C’est toi mon chéri ?
Le coeur de Monique fait des bonds dans sa poitrine.
– Papa m’a prêté son téléphone…
La voix de Sébastien est très loin.
– Tu passes de bonnes vacances ?
– Oui Maman, je fais de la planche à voile avec la copine de Papa.
Monique essaye de parler encore, malgré sa gorge qui se noue.
– Ah bon… C’est bien. Prends bien soin de toi mon coeur.
– T’en fais pas Maman. Tu me manques.
– Toi aussi mon chéri, toi aussi…
– Bon, j’te laisse, Papa me dit qu’il faut que je raccroche.
– Je t’aime mon bébé.
– Moi aussi, Maman, je t’…
Monique ne peut détacher son regard du Nokia. Elle est restée longtemps, assise en tailleur, sous le soleil de Juillet. Elle ne s’est même pas baignée ce jour-là. Pas envie.

(c) Musefabe 2007