Hier, j’ai marché sur le sentier humide recouvert de feuilles brunes comme des écailles. La pluie picorait le chemin en formant de minuscules cratères d’argile grise, aussitôt refermés. Les arbres étaient sans doute étonnés de voir un promeneur aussi téméraire par un temps pareil, ils penchaient sur moi leurs branches comme de vieux amis qui ferment les yeux. Et l’odeur de bois mouillé remontait du sol, pénétrait chaque lit de mousse, chaque morceau d’écorce, chaque touffe de bruyère… de timides champignons s’enhardissaient à coloniser un tapis d’humus, bien à l’abri. Mes pensées dispersées s’accrochaient aux plus infimes détails du paysage et coulaient en gouttes légères dans mes veines avant de disparaître. Je pressai le pas, sans trop savoir pourquoi, comme si je voulais dépasser le temps, lorsqu’un un trait de soleil inonda la clairière. Alors je m’arrétai un instant. Je respirai comme jamais je ne l’avais fait, à grandes goulées, je bus l’air humide jusqu’à m’en saouler. Puis, je m’assis sur une souche malade aux racines dévastées. A l’horizon, un voile de buée rose enrobait les derniers rayons du couchant. J’étais bien…
(c) Musefabe 2010
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