Madame Lalanne

Elle habitait un petit studio, enfin, deux chambres de bonne reliées par une porte, au sixième étage. Elle n’était pas grande, Madame Lalanne, une Sarthoise du Breuil-sur-Mérize, arrivée à Paris on ne sait comment ni pourquoi. Je ne l’ai connue qu’avec des cheveux blancs. Elle boîtait un peu, en nous emmenant à l’école Saint Marcel. Philippe, Christian, et moi. Parfois, Jacques Bron se joignait à nous. C’était le fils du chemisier d’en face, avenue des Gobelins. On descendait les marches de l’escalier de service quatre à quatre, je faisais fi des conseils de Papa qui s’était retourné le pouce en tombant à force de dégringoler à toute vitesse les marches luisantes d’encaustique. Puis, on passait successivement les deux portes de la cour intérieure, on passait devant la loge de Madame Dubois, on ouvrait enfin la lourde porte qui donnait sur le trottoir. Le carrefour des Gobelins s’offrait, avec sa bouche de métro, l’arrêt du 27, la brasserie du cadran bleu et le canon des Gobelins. En automne, on ramassait les tiges flexibles des marronniers et on en faisait des épées éphémères, chevaliers d’un jour…
Madame Lalanne essayait de tenir le rythme. Heureusement, l’école n’était qu’à cinq minutes. On ne restait pas à la cantine. Tous les midis, chacun retournait chez soi pour un déjeuner vite avalé. Le tour de Madame Lalanne, c’était le début d’après-midi. A quatre heures et demie, Maman venait me chercher avec mon goûter dans son sac. Madame Lalanne est repartie un beau jour au Breuil-sur-Mérize. On est allé lui rendre visite une fois, là-bas, au milieu de ses souvenirs…

(c) Musefabe 2011

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