A lovely week-end

Robert MacVeigh ne savait pas pourquoi il était entré dans ce bar. Il n’avait pas beaucoup dormi la nuit dernière, en alerte, sanglé dans le cockpit de son Spitfire. Par deux fois, il était sorti, sous la pluie, pour tenter d’ intercepter un groupe de Heinkel 111 en maraude. Par deux fois, il avait dû rentrer au terrain, englué dans des bancs de stratus opaques. Il en venait à souhaiter que le temps se dégage, que l’ennemi se montre, qu’il décolle enfin pour quelque chose.
Janice ne lui avait pas donné signe de vie depuis plus d’une semaine. Bien sûr, elle n’avait sans doute pas beaucoup le temps d’écrire, exténuée par les journées et les nuits de travail à l’hopital de Bath… Mais Robert ne pouvait s’empécher de guetter chaque soir l’arrivée de la camionnette poussive du vaguemestre. Parfois, il se disait qu’il s’était fait des idées, que pour Janice, leur histoire n’était qu’une agréable parenthèse dans une vie qui pouvait basculer à chaque instant. Il tenait à cette fille, nom de D…
Ce vendredi soir, un petit orchestre s’était installé dans la salle enfumée. Brian House, un jeune pilote au sourire triste, était assis à une des tables devant un verre de bière. Il aperçut Robert:
– Hey Bob ! Vous m’accompagnez ?
– Une bière !
Robert s’assit. Une fille rousse, vêtue d’une petite robe noire s’installa devant le micro et commença à chanter:
Lorsque la chanson fut terminée, Robert sentit derrière lui un parfum familier. Il leva la tête. Janice se jeta à son cou. Il restèrent comme cela, noyés, ensemble, éperdus, trop heureux.
D’une main tremblante, Janice lui caressa la joue.
– Je t’aime…
(c) Musefabe 2006.

Publicité

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s