Il est tard!
Trop tard, me direz-vous avec cette voix que je ne connais pas…
Puis, je dévalerai les escaliers comme à vingt ans,
Sous le regard éteint du majordome qui a trop vécu
Et sans un mot, dans le jardin, je regarderai les roses
Pousser.
Il est tard, et vous avancez devant moi
Trop loin, vers Zelazowa Wola, les sons du vieux piano
Déchirent le ciel
Et bleue, la mer.
Ne vous effrayez pas, je contemple le clavier jauni
Fredéric tousse encore.
Il est tard!
J’ai laissé échapper le stylo
Une goutte d’encre tiède s’enlise dans le tapis de laine
Vos yeux, ah, vos yeux!
Puis, vous détournez la tête, votrre robe est vert émeraude.
Derrière les fenêtres, la nuit n’est rien
On voit des ombres. Tiens! Un chat…
Revenez, mes jours échappés, temps mesquin
Où nos éclats de rires trempaient les yeux des filles,
Camarades de péniche, guitare à trois sous…
Il est tard!
Je ne vois plus la route ou plutôt,
Je préfère partir très vite
Sur de tout petits chemins,
J’y trouverai peut-être les pépites du passé,
Comment chiffonner en quelques secondes
Une vie?
J’oubliais, la table en formica, le vélo rouge,
La veille des vacances au soir impatient d’été
Les échos de la cour…
Il est tard!
Mais au-delà de tout, de rien et des marches
Où trébuchent mes pas,
J’irai, sans avoir su garder la main qui s’ouvre en corolle
Pour couvrir mon coeur déchiré.
J’irai, dans cette nuit qui n’existe pas…
Peut-être m’y attendra
Papa.
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